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Mappemonde

by Lionel Grob

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1.
Quand mon bout d’chou est né, il a pointé le bout de son nez, je lui ai fait signer le contrat d’embauche dans notre société et je lui ai dit : « Mon enfant, bienvenue dans cette boîte Veuillez svp parapher chaque page en bas à droite Et prenez bonne note : il est interdit d’être moche, il est interdit d’être gros, il est interdit d’être con, il est interdit d’être un beauf, il est interdit d’être gauche, délit de maladresse, il est interdit d’être pauvre, délit de non-richesse, de manquer d’esprit d’entreprise, de manquer d’esprit d’analyse, de manquer d’esprit tout court, de manquer à tes obligations, de ne pas tenir la pression sous peine de délocalisation en Chine dans une pension. T’as pris bonne note  ? » Puis mon bout d’chou m’a regardé, avec son Mont-Blanc, il a signé, après avoir écouté, lu et approuvé, il m’a dit : « Monsieur mon géniteur, j’ai pris bonne note, mais apparement les gens s’en moquent J’ai pris bonne note mais autour de moi je ne vois que des moches que des gros que des cons que des gens normaux bien plus heureux que s’ils suivaient tes règles du jeu ton contrat foireux et puis ta boîte elle est en train de couler alors respire, et viens courir avec tous les gens pas beaux pas riches et pas normaux bien plus heureux… que s’ils suivaient tes règles du jeu, ton contrat foireux. T’as pris bonne note  ? »
2.
My love, je te promets qu’un jour j’t’écrirai une vraie chanson d’amour quand j’aurais trouvé les mots assez beaux Pour ma chanson d’amour Je ne suis pas Kurt Cobain, Je ne suis pas Jim Morisson Mais moi au moins je suis encore vivant et c’est plus pratique pour changer une ampoule qui déconne, Je ne suis pas Jude Law, Je ne suis pas George Clooney Moi je suis l’acteur de tes films porno, Le super-héros de tes bonnets C Je ne te couvrirai ni de Coco, ni de Chanel Je ne t’offrirai ni cabriolet ni 4x4 Mais derrière le pare-brise d’une vieille 4L On fera des cabrioles à 4 pattes My love, je te promets qu’un jour j’t’écrirai une vraie chanson d’amour quand j’aurais trouvé les mots assez beaux Pour ma chanson d’amour et s’il ne vient pas le jour où j’fais cette chanson d’amour c’est qu’il n’existe pas de mots assez beaux pour ma chanson d’amour
3.
J’étais venu boire un thé. J’avais apporté des madeleines. Tu ne savais plus qui j’étais et tu les triturais sans arrêt ces madeleines. Tu déchirais le cellophane de ces madeleines amnésiques. Et comme le nuage de colophane D’un violoncelle sans musique, ta tête s’émiette comme ces madeleines, ta tête en miettes comme ces madeleines. J’étais venu boire un thé. J’avais apporté des madeleines. Tu demandais qui j’étais Et tu disais : « tiens, mange, j’ai acheté des madeleines » Le bilboquet sur l’étagère, le vieux coucou, le ramasse-miettes sont couverts de la poussière de tes souvenirs aux oubliettes. Ta tête s’émiette comme ces madeleines, ta tête en miettes comme ces madeleines. Mais juste avant que je m’en aille Tu t’étais souvenu d’un important détail. Tu avais dit : « profite du vent qui souffle sur la vie et ça, mon enfant, il faut jamais que tu l’oublies... » J’étais venu boire un thé.
4.
Plus 03:13
Plus j’ai de gadgets de luxe, plus je les jette, plus j’en veux plus. Mon monde est beau comme un sofa dans un magazine. Ma vie est plate comme un smartphone, épaisse comme une tablette, toute lisse, toute clean et sans écornure, comme une liseuse Amazon. Je suis l’homme augmenté, l’homme accessoirisé. Plus j’ai de gadgets de luxe, plus je les jette, plus j’en veux plus. Ma vie est performante comme un bon investissement. Ma femme est une assurance et mes gosses sont un placement. Ma maîtresse est confortable comme une berline allemande avec du cuir, des jantes félines, et toutes les commandes au volant. Je suis l’homme augmenté, l’homme accessoirisé. Plus j’ai de gadgets de luxe, plus je les jette, plus j’en veux plus. Et moins j’ai de fils à mes gadgets, plus j’ai de fils à la patte, et dans la tête. Je n’ai plus de rêves, j’ai des envies. Je n’ai plus de soucis, j’ai des applis. Et plus je grossis plus je m’aigris (plus tu grossis plus tu t’aigris). J’étais jeune, beau et de gauche Maintenant je suis socialiste J’étais pour la révolution Maintenant je suis réaliste J’enterre mes idéaux sous un gros tas d’artifices de plus en plus d’artifices.
5.
Ce dimanche à la mer, les vagues n’étaient pas seules à hurler leur colère, Notre amour se casse la gueule Et l’immense malaise dans nos vies, sous l’orage éclate sur ces falaises Notre histoire s’écrase sur la plage Pourtant j’avais pensé à tout bosser, beaucoup bosser Sacrifier quelques rêves un peu fous Mais on a juste oublié de s’aimer Alors on a semé une tempête qui a tout ravagé Et s’il fallait y voir Un signe du destin tous ces nuages noirs, et ce profond ravin Il n’y a plus de vertiges. Les rancœurs, les reproches Sont les derniers vestiges de ce qui nous rapproche Pourtant tu avais pensé à tout bosser, beaucoup bosser, Sacrifier quelques rêves un peu fous On a juste oublié de s’aimer alors on a semé une tempête qui a tout ravagé
6.
La gagalaxie 04:10
Quand ta princesse porte votre padawan Et la promesse d’un voyage intersidéral, C’est lourd mais y’a toujours un maître Yoda qui te dit : « Être un jedi tu devras » Pendant 9 mois ta princesse tu supporteras Espérant qu’à Jabba le Hutt elle ne ressemble pas, En croiseur impérial elle se transformera, Mais ses seins rebondis, oublie, c’est pas pour toi. Dans ta gagalaxie, Bientôt un droïde rigolo, bancal comme C3PO débarque Dans ta galaxie. En attendant des fraises à minuit tu chercheras, Tu fumeras, tu boufferas, en Chewbacca tu muteras, Puis en salle d’accouchement tu atterriras, Et à ton Ewok tu diras : « Bienvenue je suis ton père ! » Et là, le sommeil à jamais tu perdras, Un vaisseau monospace chez Renault tu achèteras, Disney et Gulli seront tes seules sorties cinéma, Et entre deux biberons vomis, des cabrioles à ta princesse tu tenteras. Et le générique de oui-oui ta tête hantera Et le même bouquin de c’putain d’ours brun tous les soirs tu liras, Et puis un jour si t’as du fric, une école privée tu paieras Pour pas qu’ton gosse devienne chanteur comme moi, mais plutôt dentiste ou bien avocat. C’est comme ça Dans ta galaxie Bientôt un droïde rigolo et bancal comme C3PO débarque dans ta galaxie. Peu importe Yoda et ses conseils pourris, T’emmeneras cet E.T. partout dans la galaxie Vous sauterez dans les flaques pour faire râler vos godasses Et vous shooterez les soldats de l’empire des sarcasmes Dans ta galaxie. Et peut-être même qu’entre deux nuits pourries Avec ta princesse, Ça repartira vers une autre galaxie...
7.
Y aura des rires, des larmes, le pire, le meilleur parfois, des silences, des vacarmes, des peines et des cris de joie, Y aura des 11 septembre, des juillet 98. Y aura des soirs à s’pendre, des lendemains d’cuites. Y aura des abrutis qui interdisent aux filles le soleil. Y aura des abrutis qui détestent l’amour arc-en-ciel. Tu puiseras tes forces des détails qui sauvent le monde comme graver dans l’écorce le nom d’une jolie blonde. Bienvenue dans ce monde à pleu/rire. Mais surtout n’oublie jamais l’enfant que tu étais, surtout n’oublie jamais, ne marche pas sur les traits. Et y aura des vieux cons qui disent « vas-y fais comme ça », une haie de donneurs de leçons et moi je serai parmi ceux-là. Et puis y aura l’amour pour cette blonde à perdre la boule, à boire vodka-Redbull sur vodka-Redbull. Tu croiras régler tes soucis mais t’enrichiras ton psy. Tu croiras bouffer des sushis, c’est d’l’uranium enrichi. T’avaleras des couleuvres et tout le vivarium. T’en croiseras des pieuvres, des agneaux, des loups et des hommes. Bienvenue dans ce monde à pleu/rire. Mais surtout n’oublie jamais l’enfant que tu étais, surtout n’oublie jamais, ne marche pas sur les traits.
8.
Démodé 04:20
J’ai l’âge d’un nuage, qui se moque des frontières, enfant turbulent mal formé, russe de père et de mère. L’âge d’un virus, qui a fait de l’amour, une partie de roulette russe, et lui au moins il t’aimera toujours. J’ai l’âge d’un mur qui est tombé à Berlin, et des milliers d’autres murs qui ont surgi dans tous les coins. L’âge de la raison du plus fort, des dollars comme horizon, et des euros comme aurore. Je suis démodé comme des mots d’amour écrits à la main, comme une démo sur CD, un livre en papier, un bottin, comme l’âge du feu, l’âge de pierre, le Moyen Âge, l’âge du fer. Heureusement certains trucs essentiels résistent aux attaques du temps : le Tour de France, Les Restos du Cœur, Michel Drucker, la connerie, la rancœur, la crise, les catastophes nucléaires, tout ça aussi c’est démodé mais ça pollue encore nos atmosphères. Un jour on dira peut-être qu’on préfère mon premier album, que j’ai vendu mon âme au diable, que je ne suis plus le même homme. Je chanterai avec les enfoirés pour faire la promo de mon derrière, car enfin j’aurai percé, je serai invité chez Drucker. Mais il est probable aussi qu’on me dise que je ferais mieux d’arrêter mes conneries, que faire chanteur en temps de crise, c’est pas super pour gagner sa vie. Je jouerai dans les MJC, pour me donner l’illusion d’une carrière, Je materai à la télé les immortels Highlander et Drucker. Je serai démodé comme des mots d’amour écrits à la main, comme une démo sur CD, un livre en papier, un bottin, comme l’âge du feu, l’âge de pierre, le Moyen Âge, l’âge du fer. Heureusement certains trucs essentiels résistent aux attaques du temps : le Tour de France, Les Restos du Cœur, Michel Drucker, la connerie, la rancœur, la crise, les catastophes nucléaires, ça aussi c’est démodé mais ça pollue toujours nos atmosphères.
9.
Déjà tout petit, il misait sur le cours des pogs à la récré et tous ses petits camarades finissaient ruinés. Et puis il a grandi, il est allé dans cette école privée, instincts prédateurs, réflexes rémunérateurs. Il est devenu cette créature diabolique, enfant du Ma(de)lin, fils de Serge Dassault, biberons à l’encre du Figaro, des Echos, Le coquin. Et il spécule et il t’en fait voir de toutes les douleurs. Jack, le serial trader. Jack le trader a mal tourné, la machine s’est emballée. Avec tous ses copains des fonds de pensions, des agences de notations, ils ont foutu à genoux des pays entiers, mis au pas, à leurs pieds. Ils nous spéculent bien profond. à un bout de la chaîne, il s’amuse et gagne pas mal d’argent. à l’autre bout de la chaîne, s’enchaînent licenciements, reclassements. Il est le dandy moderne, danseur virtuose d’un juteux ballet.De bulles spéculatives en bulles de champagne, Il joue avec le prix du blé. Mais que ferions-nous à sa place ? Cracherait-on sur tant de cash ? Au risque d’un petit clash, un petit crash. Et il spécule et il t’en fait voir de toutes les douleurs. Jack, le serial trader. Jack le trader a mal tourné, la machine s’est emballée. Avec tous ses copains des fonds de pensions, des agences de notations, ils ont foutu à genoux des pays entiers, mis au pas, à leurs pieds. Ils nous spéculent bien profond !
10.
C’est la saison des taille-crayons, la saison des mines défaites, la saison de la merde planquée sous les feuilles mortes, la saison des marrons. C’est la saison de la grogne, des banderoles, des dégraissages et malgré le tintamarre des mégaphones, je suis du voyage vers le chômage. Aboli le privilège d’être un sous-fifre : des amis de Pôle Emploi, j’ai rejoint la clique, jusqu’à ce que je n’ai même plus le droit d’être un chiffre, qu’on me vire même des statistiques. Bonne rentrée. C’est le joli mois de septembre qui donne envie parfois de se pendre. C’est le joli mois de septembre. Dommage fillette car ton père n’est plus un héros de la croissance. Je pointe aux guichets des parias de la France. Petite fille, tes petits pas te mènent vers la grille de l’école. Grande fille, à grands pas, tu vas vers la vie, tu t’envoles. Tu dévales les toboggans, toi t’as pas peur de ce qui t’attends et tu l’avales la vie, le manège des ans. Bonne rentrée. C’est le joli mois de septembre qui fait parfois pleurer les cœurs tendres. C’est le joli mois de septembre. Tu crois que je te protège ma fille, mais je n’ose pas te dire que c’est faux, Que c’est toi qui me rends fort, que c’est toi qui me Rambo, Petite fille, tes petits bras nus dans la chaleur d’une fin d’été, Tout en toi chante et danse et rend magique même cette rentrée. Petite fille, tes petits bras nus dans la chaleur d’une fin d’été, Tout en toi chante et danse et tu rendras belle toute cette année... Jusqu’au joli mois de juillet.
11.
« Toi ta p’tite gueule j’la piétine, tu danseras sur des mines et toi t’auras une tétine qui vaut le PIB de la Chine... » Le matin de ta vie, elle danse autour de ton berceau Que ce soit un couffin pourri ou une couveuse Ferragamo Et avant que tu fasses ton premier cri, Elle t’assigne une place, elle programme ta vie, Sa baguette s’abat comme une massue sur ta fontanelle, Elle fixe de quelle tribu tu réponds à l’appel, De quel côté du mur tu lanceras des pierres, De quelle bannière obscure tu seras le soldat de poussière Quand elle a le moral dans les godasses, elle est un peu bourrée, Elle fait franchement la connasse, elle jette des sorts avec ses pieds La fée qui danse Qui danse avec ta vie C’est la fée qui aime les enfants Mais parfois elle est un peu salope La fée qui danse danse à Bali La fée qui danse danse au Mali La fée qui danse danse à Pékin, Moscou, La fée qui danse danse partout La fée qui danse danse aussi en France Partout où elle peut piétiner nos existences la fée qui danse aime les enfants du monde entier Mais elle danse mieux pour ceux qui glissent un billet La fée qui danse danse avec ses pieds Mais parfois on dirait qu’elle pense avec ses pieds La fée qui danse Qui danse avec ta vie C’est la fée qui aime les enfants Mais parfois elle est un peu salope
12.
De ma jeunesse, tu es une idole mais à l’alcool, la fête est moins folle Les bistrots, le pastaga, Les journaleux disent qu’il n’y a plus qu’ça fini les vers en colère qui font des chansons Mais des verres et des verres qui font des putain de litrons Hé Manu, reprends-toi, va pas noyer tes veines, Le bistrot va te tuer, il faut que tu reviennes Comme Gérard Lambert, qui n’est pas mort Dans mon garage il vit encore, Y’en a tellement des come-back de charlatans qui nous chantent des arnaques Le retour du mistral gagnant, ça remettrait un bon vieux coup de vent. Hé Manu, reprends-toi, va pas noyer tes veines, Le bistrot va te tuer, il faut que tu reviennes Du pays de la peine Et remonter sur scène Et nous nous en alerons chanter tes chansons Pochtron
13.
Humain 02:32
Je suis un vieux Je suis un jeune Je suis un bobo Je suis un aristo Je suis une caille-ra Je suis un bourgeois Je suis un gay, un hétéro un geek, un écolo Je suis une pute à frange Je suis un chanteur français Je suis un rappeur, un rockeur, un hipster je suis juif, je suis musulman, je suis un catho à gauche un catho à droite je suis noir je suis blanc Je crois Je ne crois pas Je viens d’un endroit Mais parfois je suis un humain

credits

released November 17, 2014

Paroles, musiques, voix & guitare : Lionel GROB • Accordéon : Guillaume SCHLEER • Basse & Contrebasse : Adam LANFREY • Batterie : Sébastien GROB • Saxophone & chœurs : Marine NUSS • Chœurs & glockenspiel : Elise GROB • Claviers sur ‘‘Démodé’’, ‘‘Dimanche à la mer’’, ‘‘Humain’’ : Patrick WETTERER • Piano sur ‘‘Le contrat d’embauche’’: Jean-René MOUROT • Chœurs sur « Plus », « Bonne rentrée », « La Gagalaxie »: Sabine Lienhard • Chœurs sur ‘‘Le contrat d’embauche’’: Zia GROB • Enregistré et mixé par Patrick WETTERER (Studio Dub&Sound) • Masterisé par CHRIS (Deaf Rock Studio) • photo cover : Olivier VAX •

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Lionel Grob Strasbourg, France

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